05/03/2021
La Maison Fleurie à Lézignan Cbes
La Maison Fleurie
de Lézignan Cbes
Antoine Puéo, dit "Tounet"
créateur de la Maison fleurie, né le 7 février 1892 à Pueyo de Marguiller, province de Huesca, Espagne. décédé le 28 novembre 1965 à Lézignan
Merci à Marie-José Puig pour m'avoir donné accès à son album de famille
La Maison fleurie à l'origine, avec un étage, un balcon et une balustrade.
Quelques années plus tard, avec 2 niveaux supplémentaires. Les balustrades ont été déplacées, les rocailles et les plantes commencent a envahir la maison.
La Maison fleurie a son apogée, avec son créateur juché sur la corniche finale, que son fils fera détruire peu de temps après sa mort pour des raisons de sécurité.
Ci- dessous, une carte postale éditée au début des années 60 où l'on voit qu'Antoine Puéo aimait bien se faire photographier au sommet de son oeuvre.
Une carte postale plus récente, où la Maison fleurie, est appelée "La maison biscornue". Les habitants du quartier l'appelait plus péjorativement :" La maison du fada".
Détail des bas-reliefs de la façade et des sculptures. Le maître des lieux, à la fenêtre avec son chien.
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Quelques articles parus dans la presse locale dans les années 50/60
Extrait d'un article sur la Maison fleurie, paru dans la presse locale dans les années 50/60
..........Mais l'on pense toujours à l'idée de notre constructeur qui a voulu que, par des tuyaux fort bien agencés et invisibles (donc savamment cachés) lors des pluies, l'ondée céleste arrose toutes ses plantes (beaucoup fort anciennes et plantées par lui) depuis le toit jusqu'à son premier étage. Voilà contée une de nos admirables curiosités !
J'ai pensé à la lecture de ce quelque peu emphatique article, qu'Antoine Puéo avait inventé, bien avant leur mode actuelle dans l'architecture contemporaine, les murs végétalisés et les jardins verticaux.
La Maison fleurie en 2013.
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Marie-José Puig, ancienne propriétaire, raconte l'histoire de la "Maison Fleurie" dans le Midi-Libre en décembre 2012 :
"Moi, je suis née en 1951 et cette
maison a été aménagée bien avant. Sûrement au début des années quarante et en suivant. Elle appartenait à mon grand-père Antoine Puéo, un maçon d'origine espagnole, que l'on surnommait "Tounet". Il est arrivé très tôt en France où il a obtenu son certificat d'études. Plus tard, il a épousé ma grand-mère: on l'appelait "Fine", elle était cuisinière pour les grandes occasions, un vrai cordon-bleu!, explique Marie-José Puig. Au départ, on peut supposer que la maison était une enseigne commerciale. C'était un bâtiment normal. Puis mon grand-père a commencé à changer les balustres de place et les a installé plus en hauteur. Il a également créé des étages supplémentaires et s'est arrêté quand ça n'était plus possible: on ne s'en rend pas compte, mais cette maison est très haute. IL a également orné les façades avec des sculptures qu'il faisait lui même. Dès qu'il trouvait un coquillage, un joli bout de verre...il le collait à la façade. Aucun élément n'est jamais tombé car nous faisions attention. De plus, la maison était couverte de fleurs et de plantes, d'où le nom de "Maison
fleurie". Au fil des ans, Antoine Puéo a composé un bâtiment original que l'on photographiait pour éditer des cartes postales.
"A l'époque on pouvait faire ce que l'on voulait sur les maisons. Mais aujourd'hui, tout est classé!", commente la descendante du maçon artiste. Quelle était donc la source de cette inspiration intarissable? Pourquoi Antoine Puéo était-il poussé par une frénésie créatrice? "Je pense que mon grand-père a dû passer par Barcelone. A cette occasion, aurait-il admiré les oeuvres de l'architecte Gaudi? Ce n'est pas impossible car je me souviens qu'il l'évoquait dans ses conversations avec les autres adultes. Je sais qu'il parlait aussi du Facteur Cheval" nous dit Marie-José Puig. En effet, la "Maison fleurie" peut-être considérée comme une oeuvre d'art brut. Un "palais idéal" qu'Antoine Puéo a modelé au fil des ans et au gré de sa fantaisie. Et si aujourd'hui elle a perdu ses fleurs et un peu de sa superbe, elle renferme néanmoins une foule de souvenirs.
Elle se remémore les bons moments et les repas de famille, avouant au passage "ça fait mal à mes filles Pascale et Fabienne de savoir que la maison va disparaître". Car en 2001, elle a vendu le bâtiment à la mairie tout en sachant qu'il serait voué à la démolition. Alors, la "Maison fleurie" ne vivra plus qu'à travers les souvenirs et les anciennes cartes postales. Cependant, Marie-José est philosophe : "Il ne faut pas regarder en arrière. Sinon, on n'avance plus".
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Extrait d'un article évoquant la Maison fleurie, paru dans la revue "Gazogène" en avril 2011 et faisant référence à un autre article de Jean Delmas paru dans le n°12 de la revue "Connaissance du pays d'Oc" de Mars/Avril 1975
GAZOGENE
Dans le moindre jardin
Il voit des sites partout !
.......Je ne sais également si ce mélange du végétal et du minéral est proprement méditerranéen mais on le retrouvait -en plein centre ville cette fois-ci- avec la maison d'Antoine Pueio. Comme cette maison existe encore aujourd'hui, mais "débarrassée" de ses cactus et d'une grande partie de ses constructions supérieures, laissons la parole à un témoin plus ancien, Jean Delmas, en 1975 : "Lézignan a son facteur Cheval et son Isidore le Picassiette (sic) : c'est Antoine Pueio, ancien entrepeneur de maçonnerie, mort il y a neuf ans, et qui a transformé la façade de sa maison en une sorte de monument baroque, véritable chef-d'oeuvre de l'art brut. La maison fleurie avec ses incrustations métalliques, minérales, végétales, avec ses collages de poupées et d'objets divers est une manifestations tangible de l'art populaire et spontané. D'énormes cactus grimpent à l'assaut de la terrasse où, de son vivant, Antoine Puéo élevait des poules et des canards.
"ça l'a pris comme ça, une lubie, commente sa belle-fille. Tout ce qu'il pouvait trouver comme objet et comme "fardaille" il l'apportait dans de grandes lessiveuses et l'ajoutait à la maison. Il a même enlevé le toit pour faire toutes ces chinoiseries. Les gens du quartier, ils disaient qu'il était fada. Moi, j'aime pas ça; heureusement j'habite sur le derrière et, le derrière, ça n'a rien à voir avec le devant".................
Article de Jean Delmas, paru dans "Connaissance du pays d'Oc" n°12 en Mars/Avril 1975
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Un autre article concernant Antoine Puéo écrit par Yves Rouquette intitulé "Les bâtisseurs de l'imaginaire"- "A l'homme du commun la timbale"- a été publié en 1983 dans "Les cahiers de l'office" n°2 (numéro spécial) Ainsi que dans "Le bulletin des amis de François Ozenda" n°35 en 1988.
Merci à Bruno Montpied qui m'a passé cet article.
Écrit par bigou dans La Maison Fleurie Antoine Puéo | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
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