30/10/2014
Le monde selon René
Le monde selon René
Vue générale du jardin
Dans le monde de René Escaffre, le temps s'est arrêté. Tous les habitants du village, semblent s'être donnés rendez-vous dans son jardin, devant sa maison pour être immortalisés. Ils sont tous là, figés dans le ciment, chacun vacant à son occupation, bien à sa place et dans son rôle, comme au temps d'avant et pour l'éternité.
Le fermier et sa femme
Le maçon, truelle en main, monte un mur de briques (un autoportrait) la fileuse file du bon coton, la gaveuse d'oies gave ses oies à coeur joie, le forgeron forge et le régisseur chapeau sur la tête, accompagné de son chien, surveille son petit monde. Le facteur tend une lettre à une petite fille, qui joue avec un cerceau. Sous un arbre, un couple de retraités est assis sur un banc. Elle tricote, lui regarde le temps passer. Le laboureur laboure avec ses boeufs, la vache, fraîchement repeinte, nourrit son veau et le meunier essaie de faire avancer son âne. Un paysan et sa femme, vont au marché vendre leur chèvre et un canard dans un panier. Une femme tire de l'eau d'un puits, une autre lave son linge, une troisième cuisine dans un chaudron.
Les vieux sur le banc et la laveuse de linge
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes selon René. Chacun est à sa place et rien ne bouge. Le temps a suspendu son vol.
Faut dire que chez René, on est maçon de père en fils depuis plusieurs générations. Et depuis sa disparition en 2008, c'est son fils, maçon lui aussi (6ième génération) qui entretien l'oeuvre paternelle et la repeint régulièrement.
En dehors de l'enclos réservé à son petit monde d'autrefois, mais toujours devant la maison, c'est le côté exotique de René qui s'exprime. On y voit un cerf grandeur nature, une biche, un lion à l'air patibulaire mais presque et une girafe (d'après Mme Escaffre) à sa taille de naissance. Légèrement à l'écart un éléphanteau semble un peu perdu.
Adossée à la maison, une belle sirène, les seins nus, une main levée vers le ciel et l'autre posée sur un parchemin, apporte une touche de mystère à l'ensemble. Ses aréoles sont en forme de coeur, mais c'est son fils qui a ajouté ce détail, ce n'est pas l'oeuvre de René.
C'est à l'âge de 60 ans, après la retraite, que René, comme beaucoup d'artistes autodidactes, s'est mis à créer avec du grillage et du ciment, son petit monde, que l'on peut voir facilement si on traverse le petit village de Roumens dans le Lauragais.
Ce portrait a été traduit en anglais par Henk Van Es et est visible sur le site américain Spaces Archives à l'adresse suivante :
http://www.spacesarchives.org/explore/collection/environm...
Le jardin de René Escaffre est présent sur les sites suivants :
Folkart.org -- art-insolite -- animulavagula --outsiderenvironmentseurope
Le laboureur et ses boeufs
La fileuse
La gaveuse d'oies
La vache et son veau
Vue générale du jardin
La petite fille au cerceau et le facteur
La sirène et le cerf
La sirène
Le coin exotique
La girafe aux yeux bleus et du mobilier de jardin créé par René
Le petit éléphant
et le lion.
Écrit par bigou dans René Escaffre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
25/10/2014
Thérèse Bonnelalbay
Thérèse Bonnelalbay (1931-1980)
Thérèse Bonnelalbay est née à Magalas dans le vignoble de l'Hérault. Son père était charbonnier. En 1950, elle se rend à Marseille où elle exerce la profession d'infirmière. Elle y rencontre un enseignant, avec qui elle se marie et à deux enfants. En 1963, lors d'une réunion de cellule du Parti Communiste auquel elle est affiliée, elle se met à griffonner sur un bout de papier. Son mari, surpris du résultat, l'encourage et, dès lors, elle ne cesse de dessiner. Par la suite, la famille s'installe dans les Yvelines, puis à Yvry-sur-Seine. En février 1980, elle disparaît de son domicile. On la retrouvequelques jours plus tard noyée dans la Seine. Les dessins à l'encre de chine de Thérèse Bonnelalbay font apparaître des jeux de griffure à travers lesquels surgissent des figures ou des formes aléatoires. Les compositions, d'une grande sophistication et finesse, se développent indépendamment de toute intention figurative, même si l'on aperçoit parfois des personnages, des animaux ou des formes végétales. Seul le mouvement obsessionnel de la main et l'interprétation hallucinatoire du regard guident l'artiste dans son processus de création.
Les oeuvres de Thérèse Bonnelalbay sont conservées dans la Collection de l'Art Brut à Lausanne, à la Fabuloserie, au LaM de Villeneuved'Ascq et dans la collection Sainte-Anne gérée par le Centre d'Etude de l'Expression.
Écrit par bigou dans Thérèse Bonnelalbay, VIII DE L'ART BRUT : AUTEURS HISTORIQUES | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
11/10/2014
Dans le jardin d'Honorine Burlin
Dans le jardin d'Honorine Burlin
Dans le jardin d'Honorine Burlin, il y a des veaux des vaches et des moutons. Il y a un coq, une oie, un paon, un dindon. Il y a des chevaux, un pingouin, un lion. Il y a un perroquet sur son perchoir et un singe pénard qui déguste sa banane. Il y a plein d'animaux dans le jardin d'Honorine Burlin. Il y a aussi des gens. Des gens du coin, des gens d'ici : le paysan qui laboure son champs, celui qui mène ses boeufs et l'autre sur sa charrette, le jardinier avec sa brouette et la fermière avec son bâton. Il y a aussi des gens connus, des gens vus à la télévision qui ont inspirés Honorine dans ses créations. Avec l'aide de Julien, on peut retrouver Nicolas le jardinier, Fernandel et sa célèbre vache Marguerite, Pierre Perret en facteur derrière un toréador. Peut-être aussi Bourvil avec une bouteille à la main et Mireille Mathieu dans la chanteuse devant l'orchestre qui accompagne ce défilé hétéroclite.
Honorine, née en 1932 a quitté son petit monde enchanté il y a 4 ans maintenant, en 2010. Julien son mari en est devenu le gardien. Il entretient, repeint, quand il a le temps, les statues et reçoit avec le sourire les visiteurs (certains viennent de loin) intéressés par l'oeuvre de sa femme. Elle a toujours aimé bricoler, dit Julien, elle n'arrêtait pas. Son père était menuisier. Elle a commencé par sculpter le bois, plutôt bien à en juger par les chevaux et la vache conservés par Julien. Quand on est venu ici, à Cintegabelle en 1976, elle n'a pas trouvé le bois qui lui convenait. Elle a essayé de travailler le plâtre, mais il séchait trop vite, alors elle est passée au ciment. Avec des tiges de fer et du grillage elle créait une forme, qu'elle remplissait et modelait avec du ciment à mains nues. Elle ne supportait pas les gants, mais ses mains, elles, avec le temps n'ont plus supportées le ciment. Elle a dû arrêté sa création vers 2005, après avoir connu un petit moment de gloire grâce à une exposition à Toulouse qui réunissait quelques créateurs autodidactes de la région comme elle. Sous le titre "Les mains de jardin", on pouvait y voir entre autre, les créations de Joseph Donatello et de Joël Barthes. Quelques articles dans la presse locale, un dans la petite revue "Zon'art" et deux reportages à la télévision régionale, ont permis au travail d'Honorine d'être connu et reconnu par les amateurs d'arts autodidactes et d'environnements singuliers.
Cette foule étrange et bigarrée, devant sa maison, semble marcher résolument vers un avenir radieux sous l'oeil forcément bienveillant de la vierge et le regard quelque peu désabusé d'animaux exotiques ou familiers. La taille des humains chez Honorine est très variable, et ceci peut-être en fonction de leur importance à ses yeux. La vierge est nettement la plus grande suivit de près par Nicolas le jardinier. D'autres sont tout petits, une cinquantaine de centimètres environs, mais tous ont l'assurance de ceux qui savent où ils vont. Pour fermer ce cortège et tournant résolument le dos à tout le monde, on peut voir sur son perchoir le perroquet vert d'Honorine, copie conforme de celui qu'elle a longtemps porté sur son épaule.
Pendant 25 à 30 ans, Honorine a consacré tout son temps libre à son oeuvre. Le reste du temps elle s'occupait du jardin et des animaux de la ferme. Elle ne faisait jamais de dessin préparatoire. Quand elle avait une idée en tête, elle attaquait directement la forme et fallait pas trop l'embêter dans ces moments là, précise Julien. Si le résultat ne la satisfaisait pas, elle cassait tout et recommençait. Elle aimait aussi voir le travail des autres créateurs, elle s'est rendue plusieurs fois avec son mari chez René Escaffre à Roumens.
Elles ne sont pas très nombreuses les créatrices dans le domaine de l'art brut. Une dizaine pour cent, tout au plus, sont représentées dans la collection de l'art brut à Lausanne. Elles sont encore moins nombreuses dans le domaine des environnements spontanés et insolites et plus particulièrement dans celui de la création de statues en ciment. Elle sont même tellement peu nombreuses, qu'Honorine Burlin, à ma connaissance, est la seule a avoir oeuvré dans ce domaine particulier.
Une partie des oeuvres d'Honorine est conservée au Musée "Les Amoureux d'Angélique" à Carla Bayle dans l'Ariège, une autre partie est dispersée entre la famille et les amis. Ce que l'on peut voir actuellement devant sa maison, représente à peu près la moitié de sa production.
Merci à Julien pour son accueil.
Ce portrait a été traduit en anglais par Henk Van Es et est visible sur le site américain Spaces Archives à l'adresse suivante :
http://www.spacesarchives.org/explore/collection/environm...
A voir aussi l'article de Sophie Lepetit sur son blog : lesgrigrisdesophie.blogspot.com
Tournant le dos à tout le monde, une copie du perroquet qu'Honorine à portée sur son épaule
durant des années.
Photo "Hommage à Honorine Eté 2012"
Les premières sculptures sur bois d'Honorine. Les oreilles et les cornes sont en métal.
Maison et jardin en ciment avec figurines
Honorine a aussi réalisé et décoré les vases dans le jardin.
Écrit par bigou dans Honorine Burlin | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook