25/01/2015
Camille Vidal
Camille Vidal, le "Jardin d'Eden"
C'est pas facile de trouver des informations concernant Camille Vidal sur le Net. On voit bien quelques photos de ses sculptures devant le mur (un peu trop présent à mon goût) créé par Alain Bourbonnais à la Fabuloserie, mais rien sur sa vie et aucune image du site d'origine. On évoque bien l'exposition de 1977 à Rennes et le livre publié en 1990 "Les Bâtisseurs de l'Imaginaire" de Claude et Clovis Prévost qui on fait connaitre Camille Vidal, mais cet ouvrage est presque introuvable et aucune image du "Jardin d'Eden" ne circule sur la toile. Les seules que j'ai trouvées (grâce à B. Montpied) proviennent d'un article écrit par Yves Rouquette* intitulé lui aussi "les Bâtisseurs de l'Imaginaire" dans lequel il évoque Antoine Puéo et sa Maison fleurie à Lézignan, Victor Grazzi et sa "Villa aux Cent Regards" à Montpellier et le jardin de Camille Vidal à Agde. Cet article est paru dans "Les cahiers de l'office" n°2 en 1983. Yves Rouquette ne donne aucun élément biographique sur Vidal, il parle un peu des statues et fustige surtout l'attitude de la municipalité d'Agde et l'absence de volonté régionale pour conserver ces oeuvres in situ après le décès de Camille Vidal.
Il écrit notamment : "Alain Bourbonnais, lui, a tout embarqué. Des dizaines et des dizaines de statues, ............ont pris le chemin de la "Fabuloserie" quelque part dans l'Yonne. Louange à lui ! Le vendeur avait déjà détruit au pic la gitane à la guitare et aux accroche-coeur que nous avions connu en robe grise, en robe jaune à pois rouges et qui était si belle sous la neige. Déjà le chien au bâton avait disparu, déjà le chat et le serpent. Tout y serait passé ! Chez Bourbonnais, Vidal ne risque plus rien.
J'ai raconté ce désastre culturel dans le Nouveau Sud. Je ne vais pas recommencer. Je ne vais pas tempêter davantage sur les normes qui veulent qu'une peinture sérielle et sans imagination soit considérée comme création actuelle et que vingt ans de fantaisie, d'humour féroce et de gentillesse soient ignorés des soi-disant spécialistes régionaux de l'action culturelle."
Pour trouver quelques informations biographiques concernant Camille Vidal, il faut aller sur le blog de Henk Van Es "Outsider environments". dont l'écrit a été complété par un commentaire de Laurent Danchin.
Camille Vidal est né à Narbonne en 1894 et décédé à Agde en 1977. Il a passé sa vie active à Béziers en tant que fabricant de ciment pour les maçons. Il a déménagé sur le tard à proximité d'Agde et ce n'est qu'à la retraite en 1955 qu'il a commencé à réaliser des sculptures en ciment armé qu'il installait au fur et à mesure dans le jardin au tour de sa maison. Il crée des personnages qui témoignent de sa perception de la vie et de son monde environnant. Adam et Eve, des personnalités françaises comme Clémenceau et Fernandel, des dirigeants du Monde comme Churchill, mais aussi des animaux qui justifient certainement les deux noms donnés à son oeuvre : le "Jardin d'Eden" et "l'Arche de Noé".
Il réalise en tout 150 sculptures.
Vidal meurt en 1977. Sa maison est vendue, les nouveaux propriétaires, pas très sensibles au charme de l'Art Populaire, veulent se débarrasser de ces objets encombrants. Heureusement, Alain Bourbonnais achète en 1982, 54 statues du jardin de Camille Vidal et les installe devant un grand mur rouge à "la Fabuloserie" à Dicy dans l'Yonne où elles sont toujours conservées.
*Poète,écrivain occitan décédé début janvier 2015
Une taille de guèpe et des arguments dignes de Zahia
Adam et Eve en second plan dans leur jardin originel
Don Camillo et Peppone en pleine discussion
Une noire au petit cochon
Les statues de Vidal repeintes de frais à la Fabuloserie
Orchestre de singe et Clémenceau en arrière plan
Chanteuse à la rose et Wiston Churchill
Adam et Eve dans leur nouveau jardin
Photos: Space Archives et Outsider environments
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19/01/2015
La Collection du docteur Benjamin Pailhas
La Collection du docteur Benjamin Pailhas
Bien avant que Jean Dubuffet n'invente la notion d'Art Brut en 1945, ce sont des médecins aliénistes qui dès la fin du XVIII ème et le début du XIXème siècle s'intéressent les premiers aux créations graphiques de leurs patients. Pour des raisons médicales pour certains, voyant dans cette expression pathologique un éventuel moyen de mieux appréhender les dérèglements de l'esprit humain. Pour des raisons artistiques pour d'autres, qui s'interrogent sur l'origine du processus de créations, et comparent ces productions spontanées à celles de certains artistes contemporains. C'est le cas du psychiatre, amateur d'art Hans Prinzorn en Allemagne et avant lui, en France, des docteurs Auguste Marie et Paul Réja (médecins à l'asile de Villejuif) qui collectent, étudient et exposent, dès 1901, des oeuvres d'aliénés. Paul Réja crée des liens entre les oeuvres des fous, les dessins d'enfants et les arts primitifs, il parle "des conditions intérieures susceptibles de mettre en oeuvre l'activité artistique", il publiera en 1907 un ouvrage de référence "L'Art chez les fous".
A la même époque, dans le sud de la France, à l'asile de Braqueville (aujourd'hui l'Hôpital Marchant) à Toulouse, l'aliéniste Maxime Dubuisson (1851 - 1928), très proche de ses malades qu'il appelle "mes amis les fous", conserve précieusement, dès 1880, leurs productions graphiques dans des albums originairement destinés à ranger des photographies. Il fera de même avec des dessins de malades de l'hôpital de Saint-Alban en Lozère, où il exercera plus tard. Dubuisson est dans un attachement affectif par rapport aux dessins de ses patients, il se contente de les conserver ne prenant pas la peine de noter quoi que ce soit sur leur auteur. Le seul qui soit identifié et connu, c'est Auguste Forestier, dont les sculptures d'animaux fantastiques et les dessins sont dans toutes les bonnes collections d'Art Brut.
Maxime Dubuisson entretien des relations étroites avec son confrère et voisin, le docteur Benjamin Pailhas né à Castayrols (tarn) en 1862. Ce dernier durant toute sa carrière de médecin aliéniste à l'Hospice du Bon Sauveur d'Albi collectionnera, également, les créations des malades dont il a la charge. Tout deux sont proches du Docteur Auguste Marie, tant par leur intérêt pour l'expression des fous, que pour l'attention qu'ils leurs portent, faisant leur possible pour améliorer leur quotidien. Benjamin Pailhas contrairement à Dubuisson, classe les oeuvres en fonction des pathologies, les répertorie et donne des éléments biographiques sur leurs auteurs. Il envisage même la création d'un musée destiné à sa collection, au sein de l'hospice. Il écrit à la direction de la Fondation du Bon Sauveur en 1908 "J'ai l'honneur de proposer au congrès d'émettre un voeu en faveur de la création, quelque part, d'un musée ou d'une section de musée réservée à des manifestations d'art, émanant de nos aliénés".
Sa demande n'aboutit pas et son projet ne verra le jour que cent plus tard, avec la création du musée Benjamin Pailhas sous les caves voûtées de la Fondation albigeoise.
"Cette collection se compose de sculptures, dessins, broderies, objets et outils créés par des malades mentaux internés à l'asile du Bon Sauveur au début du XXième siècle. Réalisées entre 1900 et 1936, elles concernent au moins 26 auteurs.
Les sculptures présentent une diversité des plus étonnantes :
L'essentiel des matériaux utilisés sont des matériaux de récupération, détournés de leur fonction première, comme la pierre, le galet, le plâtre, les os ou la brique. On y trouve aussi des personnages en mie de pain.
Des créations proches de l'Art Brut :
Le caractère spontané et la simplicité des matériaux utilisés permettent d'apparenter ces oeuvres au courant de l'Art Brut constitué par Jean Dubuffet à partir de 1949."
Texte Musée Benjamin Pailhas
Le Musée n'est ouvert qu'une fois tous les deux mois environs et le dimanche en général. L'ouverture est groupée avec un concert de musique classique.
Prochaines ouvertures : Dimanche 18 février 2015 et dimanche 29 mars de 15h30 à 17h
Pour plus d'infos appeler le : 05 63 48 48 65
Les "Albums Dubuisson" et la Collection Bonnafé sont actuellement conservés au Musée d'Art Moderne, d'Art Contemporain et d'Art Brut de Lille (le LaM).
Des oeuvres de ces deux collections, ainsi que de celle de Benjamin Pailhas, ont été présentées au LaM du 3 octobre 2014 au 13 janvier 2015, dans le cadre de l'exposition "L'Autre de l'Art".
Collection Benjamin Pailhas
Charles Jaurès Maxime Dubuisson a inclus plusieurs dessins de Charles Jaurès, patient de l'hôpital de Braquevillle, dans les albums de sa collection. Un intérêt pour la politique, les jeux de mots, les inventaires caractérisent ses compositions au tracé précis. Benjamin Pailhas possédait plusieurs cahiers et Jean Dubuffet lui a consacré un article en le nommant Charles Jaufret, "peintre d'enseigne de Revel".
Jean Loubressanes, Cailloux sculptés et amulettes 1900-1915
Loubressanes, cultivateur métayer et clarinettiste est interné au Bon Sauveur d'Albi en 1902. Il se construit des flûtes en roseaux et dessine sur les dalles des préaux. A l'abri des regards, il sculpte pendant des heures, à l'aide de débris métalliques, des cailloux et des petits fragments de briques ramassés dans la cour. Il s'en fait parfois des amulettes, des breloques et des parures, assemblant ses figurines avec du fil de fer, de la ficelle et des morceaux d'étoffe.
Fernand Alquier
Fernand Alquier est né au début des années 1850. Au cours de périodes de créativité débordante, il crayonne aussi bien sur des papiers que sur les murs de l'asile du Bon Sauveur d'Albi en utilisant une large gamme de couleurs. Il mêle de multiples références historiques, religieuses et symboliques. Il signe ses travaux en déclinant ses titres de noblesse, et commence son travail au près du docteur Benjamin Pailhas en se désignant lui-même à la troisième personne du singulier.
Portrait de femme, 1908
Fernand Alquier, Chat et Leo XIII, 1901
Source principale des textes et des photos : Catalogue "L'Autre de l'Art".
Quelques oeuvres collectées par Benjamin Pailhas et Maxime Dubuisson pendant la guerre de 14-18 et regroupées dans un recueil par Savine Faupin Chargée de la Collection de l'Art Brut au LaM. www.santementale5962
Psychiatrie et guerre 1914-1918
Maxime Dubuisson et Benjamin Pailhas, psychiatre et collectionneur d'oeuvres de patients pendant la Grande Guerre.
Écrit par bigou dans Collection du Docteur Benjamin Pailhas, VI A L'ART BRUT : EXPOS ET COLLECTIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
17/01/2015
Collection Claude Massé : Fernand Michel
Fernand Michel "artiste-zingueur"
Fernand Michel, est né en 1913 dans les Voges, en marge de son métier de relieur, il se mit à sculpter et à assembler le zinc vers 1982. Retraité il s'installe à Montpellier. Son oeuvre, au début consacrée à la représentation de paysages, évolua bien vite vers des personnages féminins à connotation érotique le plus souvent.
"Le Poignard Subtil"
Fernand Michel fait parti des créateurs découvert par Claude Massé. Ses petits-fils ont le projet de créer un musée, dans la maison familiale à Montpellier, consacré à ses oeuvres et à celles qu'il a collecté au cours de sa vie.
Écrit par bigou dans Fernand Michel, VIII DE L'ART BRUT : AUTEURS HISTORIQUES | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook