22/12/2023
Georges Jordy
Georges Jordy
Georges Jordy, né en 1894 d'un père boulanger, a travaillé toute sa vie en tant qu'agent SNCF dans différentes gares de la région. La retraite venue, il s'installe dans le petit village de Moux, dans l'Aude, d'où est originaire sa famille. Il achète une maison à Jean Lebrau ( 1891-1983) tout près de celle où le poète est né, et peut enfin donner libre cours à ses pulsions créatrices. Il peignait déjà depuis quelque temps sur papier, essentiellement des paysages de la région, des natures mortes, ou des animaux surtout des chiens et des cerfs, bien qu'il détestait la chasse au dire de son fils. Ce n'est qu'après la retraite, à 58 ans, que Georges Jordy se passionne pour la sculpture. Il n'arrêtera plus alors de tailler le bois jusqu'à son décés en 1974.
C'est dans une toute petite pièce, dans la remise qui donne accès à la maison, que Georges travaillait. Son fils Gérard, âgé aujourd'hui de 80 ans, a laissé l'atelier paternel tel qu'il était. Quarante deux après, rien n'a bougé. Seule la poussière a envahi les étagères et a recouvert de son voile la centaine de sculptures et de peintures, ainsi que les outils et les archives dont il s'inspirait.
Les sculptures de Georges Jordy se déclinent en séries, la plus importante étant celle des têtes. Des têtes pas très grandes, 7 ou 8 cm pour les plus petites 15 à 20 pour les autres. Très réalistes pour la plupart, on croit reconnaitre parfois des hommes politiques ou des célébrités de l'époque. Sous le socle de plusieurs, le nom de De Gaulle est mentionné. Un dessin du Général est d'ailleurs punaisé sur la porte d'entrée de l'atelier. Des visages, d'aspect plus populaires sont peut-être des portraits de voisins ou d'habitants du village. Certaines sont colorisées comme pour les rendre plus réalistes, plus vivantes. D'autres ont un caractère plus exotique. On trouve aussi, quelques vierges à l'enfant et des Christ en croix qui côtoient deux femmes nues en pied, les bras le long du corps. Un homme moustachu et nu, les mains croisées sur le sexe et vêtu d'une simple cape couverte de broderies en bas-relief. Deux petites représentions sur socle du squelette décharné (copie du Transi de Ligier Richier) qui orne le tombeau d'Henry Bataille (1872-1922), l'autre grand poète enterré à Moux. Toute une série de chiens dans différentes positions et des oiseaux faits de pommes de pins, de bois sculpté et de fil de fer ainsi que des objets, chaises, brouettes, bois découpés, etc... complètent l'inventaire non exhaustif, loin s'en faut, des oeuvres de Georges Jordy.
Portrait de Georges Jordy
L'entrée de l'atelier avec le Général punaisé
D'un côté des étagères prêtes à s'écrouler, remplies de peintures et de quelques sculptures,
De l'autre, un vaisselier et des étagères débordants de sculptures
La maquette d'une partie de la Cité de Carcassonne.
Écrit par bigou dans II bis AUX CRÉATEURS POPULAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
20/12/2023
De l'art improbable - 2
De l'art improbable...
L'art improbable c'est l'art qui en a pas l'air
Dans l'Aude et les environs, le long des routes et des chemins, dans les jardins ou sur les maisons, les manifestations d'art improbable sont partout. Partout où l'on veut bien les voir. Elles sont souvent infimes et se limitent à peu de chose. Quelques nains disposés dans un coin du jardin, un faux puits garni de fleurs, un moulin à vent (sujet récurrent) un épouvantail, une gravure sur un mur, des affiches déchirées dans un abribus façon Villeglé, des chapeaux de pilier plus ou moins kitch, en sont les principales formes. Mais parfois, quand Madame à le bonheur d'avoir un mari bricoleur et un peu créatif, ce dernier peut faire dans son jardin des aménagements, des décorations qui dépassent le stade de la simple petite manifestation d'art improbable. Ce sont ces gens là dont j'ai envie le portrait. sont les portraits de ces personnes là, que j'ai envie de faire. Dans une exposition d'épouvantails en objets de récupération à Moux, réalisés par des gens du village. Dans un autre épouvantail, fonctionnel celui là, avec sa tête en ballon de foot pour épouvanter les moineaux. Dans une oie gravée sur un mur ou dans des trophées de chasses fièrement arborés sur un portail à Bages. Dans des affiches lacérées sous des abris-bus évoquant forcément Raymond Hains, Jacques Villeglé et les Nouveaux Réalistes. Dans une porte en bois customisée de fers à cheval avec sa girouette. Dans un moulin à vent qui en indique aussi le sens, ou dans des figurines devant une maison et des nains de jardins aux balcons d'une autre. Et si on ajoute à cette liste sans fin, les périodiques mais manifestement ostensibles décorations de Noël, il devient indéniable que l'art improbable est partout.
Mais si l'art improbable est partout, tout n'est pas art improbable pour autant. Cette appellation d'origine incontrôlée ne peut être attribuée qu' à certaines conditions. L'art improbable doit être le résultat d'une action, d'une intervention sur l'environnement. Il peut s'agir de l'installation d'objets manufacturés (nains de jardin, déco de Noël,....) ou de l'installation d'objets de fabrication maison (moulins à vent, faux puits en pneus recyclés,....) ça peut être aussi, entre autre, le résultat d'un travail collectif non prémédité comme pour les affiches lacérées. Mais le principal, c'est que l'acte qui le génère soit dépourvu de toute intention artistique. L'intention artistique, implique, même inconsciemment, une recherche esthétique incompatible avec l'art improbable. L'art improbable est un art public, qui doit s'afficher à la vue de tous pour exister. C'est aussi un art populaire, accessible au plus grand nombre, qui contrairement aux autres formes d'art, n'a aucun intérêt économique. Il n'a rien à vendre. C'est un acte gratuit, qui n'a pas d'autre ambition que d'animer et embellir l'environnement de son créateur.
Comme dit Hervé Di Rosa :"La fonction de l'art est d'envahir la vie, de la rendre moins dérisoire".
Bref, l'art improbable, implique une action sur l'environnement dépourvue de volonté artistique. Un résultat à la vue de tous, plutôt kitch et ostentatoire, tout en étant modeste et sans prétention...... .................C'est tout un art !!
Jean-Louis Bigou
A l'entrée de Moux, deux personnages en objets de récupération
et une cabane peinte
Ces 2 personnages et cette cabane, sont les restes d'une exposition d'épouvantails réalisés par les gens du village, qui a eu lieu au printemps 2013. Les 5 photos suivantes sont issues du site de l'association "La petite fugue" de Moux qui est à l'origine de cette manifestation.
un épouvantail à Conilhac qui n'a rien à voir avec les précédents
et une gravure sur un mur
A Bages, un chasseur sachant chasser
Un "Villeglé" à Fontcouverte
Un autre à Villedaigne
Une porte chance à Conilhac
Et une girouette
Moulin à vent avec sa girouette
Des figurines devant la maison
Et des nains de jardins à la fenêtre
Écrit par bigou dans I - DE L'ART IMPROBABLE... | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
23/04/2023
De l'art improbable aux ronds-points
L'art des ronds-points
La révolte des Gilets jaunes a fait apparaitre sur certains ronds-points des oeuvres éphémères que l'on peut qualifier d'art improbable. C'est le cas notamment à Lézignan-Corbières où des mannequins créés avec les moyens du bord, occupent depuis peu un giratoire au sud de la ville. Fabriqués grâce aux moyens du bord avec des vêtements remplis de papier journal ou de paille comme des épouvantails de jardiniers, ils servent de support aux pancartes revendicatives de leurs créateurs.
Écrit par bigou | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook