04/04/2016
Raymond Dreux
Raymond Dreux et son Musée de l'Imaginaire sans frontières
Raymond Dreux dans son Musée de l'Imaginaire. Photos "les Magik'x"
Un peu Baba, un peu Anar, en révolte contre l'Art Conventionnel et l'institution artistique en général, Raymond Dreux a vécu de nombreuses années dans l'Aude à Fanjeaux puis à Laurac-le-Grand près de Castelnaudary . C'est dans sa grande maison, à Laurac-le-Grand, qu'il crée vers 1985 ce qu'il a appelé le "Musée de l'Imaginaire sans Frontières". Ce Musée, est rapidement devenu un lieu de rencontre et d'échange où il expose ses créations, celles de ses amis et toutes les expressions qu'il affectionne particulièrement et qui tourne autour des arts Insolite, Populaire, Singulier, Hors Norme, Brut etc.... Après presque 20 années d'existence le Musée ne survivra pas à la disparition de Raymond survenue en 2004. Sonja Dreux, son épouse, contrainte et forcée de vendre le bâtiment, protège la Collection en stockant les oeuvres, en partie, chez des amis (Bob et Maggie Drake) et en partie dans un garage.
Raymond est né à Tours en 1928. Enfant il mène une vie un peu nomade. Ses parents vivent un temps dans une roulotte à Saint-Ouen avant de s'installer près de Nice. Adulte Raymond vivra un moment à Paris puis dans le Var où il fréquente les artistes niçois. Il participe activement au Collectif alternatif des artistes indépendants de la Brèche et des Diables Bleus dont les locaux (une ancienne caserne) seront détruits en 2004. Il vit quelques années avec Ciska Lallier, d'abord à Fox-Amphoux puis à Fanjeaux jusqu'en 1978. A partir des années 80, il partage son temps entre La Gaude dans les Alpes Maritimes où il construit une maison toute en rondeur dans un style underground années 70 et Laurac-le-Grand dans l'Aude où il aménage son Musée. Il se marie en 1986 avec Sonja Dreux et auront une fille. Sonja vit aujourd'hui dans leur maison à La Gaude.
Raymond est toujours décrit par ses amis comme quelqu'un d'enthousiaste, dynamique, débordant d'énergie et bon vivant. Il organise des stages d'art et d'artisanat dans sa maison de Fanjeaux, découvre des créateurs qu'il expose et accumule les oeuvres d'art singulier ou populaire prospectées souvent dans la région pour alimenter ce qui deviendra sa Collection. Celle-ci contient de nombreuses oeuvres de Ciska Lallier, mais aussi des créateurs moins connus comme Jean-François de Amondis, Robert Bousquet et beaucoup d'oeuvres d'art naïf ou populaire souvent anonyme.
Il développe son travail personnel avec des collages d'objets sur des tableaux ou des assemblages dans des boites, des peintures abstraites dans un style dripping pollockien, des masques et des modelages en terre cuite avec pour thème essentiel la "Femme". Mais il semble s'intéresser surtout au travail des autres. Dans des grands dossiers noirs aux feuilles volantes il consigne toutes ses rencontres, ses théories sur l'art et les principaux moments de sa vie. Remplis de photos découpées, d'articles de presse ou de dessins, ses archives comptent une cinquantaine de grands classeurs conservés par Bob et Maggie Drake à Caudeval (11). On y trouve entre autres toutes les expositions réalisées au Musée et les créateurs d'environnements qu'il a rencontrés : Raymond Moralès, René Escaffre, Joël Barthes ou son ami italien Marcello Cammi dont il fait connaître en France l'extraordinaire jardin de sculptures en béton aujourd'hui disparu.
...... à suivre
Raymond Dreux photographié par André Escard devant sa maison à La Gaude dans les Alpes-Maritimes
"Avec Raymond et Sonja Dreux et leur maison de la Gaude, près de Vence, dans les Alpes Maritimes, nous sommes dans de véritables relations d'amitié. On sait que c'est Sonja Dreux qui transformait l'écriture très peu lisible -quel euphémisme- d'André (Escard)(1) en tapuscrit qui était ensuite envoyé aux Caire (2) pour le Bulletin. Bref, le site évolutif et l'oeuvre protéiforme de Raymond Dreux fascinait André, sans oublier les liens qui avaient uni Raymond et Ciska Lallier pendant près de dix ans, entre 1970 et 1978 à Fox-Amphous dans le Var, puis à Laurac, dans l'Aude, où un petit musée d'Art Brut lui était en partie consacré."
Jean-François Maurice (Bulletin de l'Association les Amis de François Ozenda)
(1) André Escard "L'explorateur de l'Art Brut" archives et documents. Gazogène (2) Simone et Jean-Claude Caire, créateurs du Bulletin les Amis de François Ozenda
Petit rectificatif : Contrairement à ce que dit Jean-François Maurice, Raymond et Ciska Lallier n'ont jamais vécu ensemble à Laurac mais à Fanjeaux (dixit Sonja Dreux)
Le Musée de l'Imaginaire sans Frontière photographié par Bob Drake au début des années 2000
Terres cuites Robert Bousquet
Renaud Scoffier
Ciska Lallier
Tableaux Raymond Dreux
suite
Chez Bob et Maggie Drake
Bob et Maggie Drake, très proches de Sonja et Raymond Dreux, ont récupéré, après le décès de ce dernier, une grande partie des oeuvres du Musée de l'imaginaire. Une autre partie est stockée aujourd'hui encore dans un garage. Ils m'ont accueilli très gentiment dans leur grande maison près de Mirepoix, où sur 2 niveaux les murs sont couverts du sol au plafond d'oeuvres provenant pour la plupart de la collection de Raymond. On y trouve beaucoup de Ciska Lallier, des peintures et des masques de Raymond et des boites-objets de sa fabrication. Des peintures de Jean-François de Asmondis qui vivait dans une Maison de Retraite à Fanjeaux et dont Raymond a exposé le travail dans son Musée. Des peintures naïves, des sculptures, de l' Art Singulier, de l'Art Populaire, des anonymes, des dessins d'enfants, des centaines et des centaines d'oeuvres sur les murs et autant dans le grenier, ainsi qu'un nombre important stocké quelque part dans la région.
..... à suivre
Quelques Naïfs anonymes
Jean-François de Asmondis
Des masques et des boites de Raymond Dreux
Ciska Lallier
Des cannes d'un berger du Tarn devant des peintures de J-F de Asmondis
Quelques pages des grands classeurs de Raymond
suite et fin
Quelque part......
C'est quelque part dans la région dans un local à 2 niveaux que Sonja, après le décès de Raymond, ne pouvant conserver le bâtiment du Musée, a stockée une partie de la Collection. De nombreuses oeuvres, notamment les personnages en terre cuite de Robert Bousquet, les sculptures de Raymond, plusieurs éléments en papier découpé et peint d'une oeuvre de Ciska Lallier, une documentation importante sur l'art singulier et bien d'autres choses encore, sont là, inaccessibles pour la plupart, enfermées dans des dizaines de cartons ou juste posées depuis la fermeture du Musée en 2004. J'ai retrouvé là le grand paquebot en cagette, oeuvre anonyme d'art populaire et le léopard en papier grandeur nature, photographiés dans le Musée en 2000 par Bob Drake.
Toutes ces oeuvres en sommeil semblent attendre leur résurrection. Il me semble que ce travail énorme de créations et de collectes effectué par Raymond Dreux durant toute sa vie mériterait une mise en lumière et une reconnaissance bien plus importante.
fin.
Les oeuvres du Musée stockées dans un garage.
Plusieurs pièces de Ciska Lallier
des populaires anonymes
Sculptures et tableau relief de Raymond
Photos et textes Jean-Louis Bigou
Voir sur youTube la vidéo : Raymond Dreux (1928-2004) Rapports entre l'Art Brut, l'Art Contemporain et l'argent.
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21/02/2016
Mariane
Le fil de Mariane
Après un parcours de vie quelque peu atypique, Mariane s'installe dans un tout petit village perdu de la Haute Vallée de l'Aude. C'est là qu'elle entreprend, il y a plus de trente ans un travail de création très personnel, loin des sentiers battus et du milieu artistique qu'elle ne fréquente pas. La matière première de son travail elle la trouve dans la nature autour d'elle. Au fond d'un lac régulièrement asséché, entre autres, où elle glane des coquilles d'escargot, de la terre, des os, des branches et bien d'autres éléments. Elle utilise aussi des tissus de récupération qu'elle déchire, ligote et tisse pour créer d'improbables "vestimentaires" ou des sculptures murales. Mariane, dans une vie antérieure a été formée à la tapisserie à basse lice, elle en garde une affection particulière pour le fil, la laine et le tissage qui sont très présents dans son oeuvre.
Le temps passe, Mariane suit le fil de sa vie, sans pratiquement jamais exposer son travail, seuls quelques amis proches le connaissent. Ce n'est qu'aujourd'hui, à l'âge de 72 ans, grâce à Caty Pech son amie de toujours, qu'elle accepte enfin de montrer pour la première fois une grande partie de ses créations dans la galerie "Le Chantier" à Cassaignes.
En entrant dans la galerie de Caty Pech, après l'ascension du petit chemin qui mène jusqu'à Cassaignes, on se sent comme observé par des coquilles d'escargots insérées dans des peaux de citrons séchées suspendues ou en vrac dans des paniers. Sur le mur, à gauche, des installations à base d'ossements et face à l'entrée une très belle sculpture recouverte de terre sèche "Paternité à la fleur bleue". Des "Poulpoïdes Polypodicus du Textile", sculptures faites de tissus étroitement ligotés et que Mariane qualifie "d'affreuses bestioles que notre cerveau se permet de placer devant nous", occupent l'étroit couloir qui mène aux étages. Au premier, des petits personnages en fil de laine d'une grande finesse évoquant les systèmes organiques courent sur un mur. Dans une autre pièce une gisante grandeur nature couchée sur le ventre et couverte de fil est directement inspirée des "machines anatomiques" qui se présentent sous forme de deux cadavres humains, dont seuls les os et le système cardiovasculaire sont presque totalement conservés. Crées par Raimondo Di Sangro vers 1763, on peut voir ces étranges "machines" à Naples. Dans une petite pièce sombre "L'échouée", oeuvre emblématique et angoissante nous montre un corps grandeur nature, fait de matières minérales et allongé dans une cosse végétale comme dans une embarcation funéraire antique. Tout autour des petits sachets blancs imprégnés de terre sèche l'accompagnent dans son voyage. Faite de laine, de tissu, de corde ou d'objets de récupération, l'oeuvre "Ainsi soit-il-et-elle" montre des sexes masculins ou féminins symbolisés et suspendus au mur comme des reliques. A leur pied "Fleur Bleue mon Coeur" est une accumulation de bébés en matière plastique fixés à une cage en fer. Plus loin un mannequin est habillé, plutôt recouvert, de la tête au pied comme par une seconde peau d'un grouillement de bouts de tissu effilochés, ligotés et tressés entre eux.
L'homme, la femme, le sexe, la fécondité, la vie, la mort, sont les sujets de prédilection de Mariane. Tout est organique et viscéral chez elle. Son travail imprégné d'Humain et de Nature nous interroge sur les cycles de la vie. Ses sculptures et installations profondes et dérangeantes nous renvoient à nos peurs ancestrales et à la fragilité de notre condition.
Tout au long de l'expo, Mariane déroule les fils d'une oeuvre authentique, captivante et inclassable, faite de tout petits riens qui disent des grandes choses.
Jean-Louis Bigou
Devant le succès de l'exposition prévue initialement du 15 janvier au 20 février, celle-ci est prolongée
jusqu'au 6 mars 2016 - Galerie LE CHANTIER - 11190 CASSAIGNES 06745224 caty-pech.fr/lechantier
Les escargots
Sculptures d'ossements
"Paternité à la fleur bleue"
"Les poulpoïdes polydicus du Textile"
Personnages en fil
"Ainsi soit-il-et-elle"
"Ainsi soit-il-et-elle"
"Fleur Bleue mon Coeur"
"Gisante"
Calligraphie
"L'échouée"
Écrit par bigou dans II AUX ARTS...ET CAETERA, Mariane | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
31/01/2016
Jean-Claude Sampiétro
Jean-Claude Sampiétro
Jean-Claude Sampiétro est né en 1952. Il a travaillé pendant plus de 30 ans dans le Génie Civil et a participé à la réalisation de nombreux grands ouvrages dans la région et un peu partout en France.
Ses temps de repos, ils les a consacrés à la construction de sa maison. Tout seul, de ses propres mains, sans plan ni permis, pièce après pièce, il a créé cette maison basse de plafond, très sombre et remplie d'objets de récupération ce qui lui donne des airs de caverne d'Ali Baba. Le reste du terrain, en bordure de la voie ferrée est habité par des poules, des canards et plusieurs gros chiens. Dans un coin du jardin, derrière un grand bassin qui peut faire office de piscine l'été, c'est le cimetière des animaux, plusieurs croix en attestent.
Une fois sa maison terminée, Jean-Claude a eu l'occasion de récupérer tout un tas de carrelage d'exposition dans un grand magasin qui fermait ses portes. Il a commencé a coller ces carreaux sur un mur, puis petit à petit les mosaïques ont envahi tout son environnement, ses murs et les murs mitoyens.
Jean-Claude est satisfait de sa création, il trouve que c'est original. Il se considère comme marginal, un peu en dehors du système. Il fait ce qu'il a envie de faire comme il a envie de le faire sans vraiment tenir compte des autres.
Jean-Claude et sa compagne
devant un mur de la maison
Vue de l'extérieur côté route
La maison
L'entrée côté route
L'entrée
Le jardin vu de la voix ferrée
Écrit par bigou dans I...AUX JARDINS INSOLITES, Jean-Claude Sampiétro | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook